RH: est ce qu’une promesse d’embauche a une valeur juridique?

Par Sara S.

Publié le mai 20, 2025

RH: est ce qu’une promesse d’embauche a une valeur juridique?

La promesse d’embauche est un engagement important dans le processus de recrutement, mais sa nature juridique reste parfois mal comprise, tant par les candidats que par les employeurs. En droit du travail, il s’agit d’un acte par lequel l’employeur s’engage formellement à embaucher une personne selon des conditions précises. Mais cette promesse a-t-elle réellement une valeur contraignante ? La réponse est oui, sous certaines conditions.

Qu’est-ce qu’une promesse d’embauche ?

La promesse d’embauche se définit comme une offre ferme de contrat de travail par l’employeur, qui précise généralement le poste proposé, la rémunération, la date d’entrée en fonction, ainsi que d’autres éléments essentiels du contrat. Il s’agit d’un document écrit ou oral par lequel l’employeur manifeste son intention de recruter un candidat.

À la différence d’un simple « accord de principe », la promesse d’embauche doit être claire, précise et dénuée d’ambiguïté. Cela signifie qu’elle doit contenir suffisamment d’éléments pour permettre au candidat de comprendre exactement ce qui lui est proposé.

La valeur juridique de la promesse d’embauche

Sur le plan juridique, la promesse d’embauche constitue un engagement unilatéral de l’employeur, qui crée des obligations. Une fois la promesse acceptée par le candidat, un contrat de travail est considéré comme conclu. Autrement dit, la promesse vaut contrat et engage les deux parties.

Ainsi, si l’employeur décide de revenir sur sa promesse sans motif légitime, il peut être tenu responsable d’une rupture abusive, ce qui expose à des sanctions. Le candidat peut alors demander des dommages et intérêts devant le conseil de prud’hommes pour le préjudice subi, notamment en cas de perte d’un autre emploi ou de refus d’autres opportunités.

Distinction entre promesse d’embauche et simple offre d’emploi

Il est important de ne pas confondre promesse d’embauche et simple offre d’emploi. Une offre d’emploi peut être considérée comme une invitation à entrer en négociation, sans que l’employeur soit juridiquement engagé. Elle ne lie pas l’employeur, qui peut la retirer sans conséquences juridiques.

En revanche, la promesse d’embauche exprime une volonté ferme et précise de conclure un contrat de travail. La distinction repose donc sur la caractère précis et engageant du message transmis au candidat.

Les conditions pour que la promesse d’embauche soit juridiquement valable

Pour qu’une promesse d’embauche soit reconnue comme un engagement juridique contraignant, elle doit remplir plusieurs conditions essentielles qui garantissent la clarté de l’accord et la protection des parties impliquées.

La précision des éléments constitutifs de la promesse

La promesse d’embauche doit contenir des informations précises et suffisamment détaillées sur les conditions d’emploi. Parmi les éléments indispensables, on retrouve notamment la nature du poste proposé, la rémunération prévue ainsi que la date de début de la relation de travail. Ces informations sont cruciales car elles permettent au candidat de connaître exactement à quoi il s’engage et de prendre une décision éclairée.

Une promesse trop vague, par exemple qui mentionne seulement une « proposition d’embauche » sans préciser ces éléments, peut être requalifiée par un juge en simple invitation à négocier. Cela signifie qu’aucun contrat n’est formé à ce stade, et que l’employeur n’est pas juridiquement tenu de recruter le candidat. La précision est donc un gage d’engagement clair et sans équivoque.

L’acceptation explicite ou tacite par le candidat

Une promesse d’embauche ne devient juridiquement valable que si le candidat l’accepte. Cette acceptation peut être formalisée par écrit, par exemple via un courrier, un email ou un document signé qui confirme l’accord du candidat sur les termes proposés.

Cependant, elle peut également être tacite. C’est notamment le cas lorsque le candidat commence à préparer son entrée dans l’entreprise, par exemple en donnant sa démission à son ancien employeur ou en effectuant des démarches administratives liées au nouveau poste. Cette acceptation implicite engage aussi les deux parties.

Sans acceptation claire du candidat, la promesse ne crée pas d’obligations juridiques fermes, et l’employeur peut se rétracter sans engager sa responsabilité.

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L’absence de conditions suspensives non mentionnées

Pour que la promesse soit ferme, elle ne doit pas dépendre d’une condition dont la réalisation n’est pas certaine, sauf si cette condition est clairement spécifiée dans la promesse. Par exemple, il est courant que certaines promesses d’embauche soient conditionnées à l’obtention d’un diplôme, à la réussite d’une visite médicale, ou à une autorisation administrative.

Si une telle condition suspensive existe, elle doit être explicitement mentionnée dans la promesse, précisant que l’embauche sera effective uniquement si cette condition est remplie. À défaut, la promesse est considérée comme ferme et engage l’employeur à embaucher le candidat, quelle que soit la situation.

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